comment le cerveau élabore-t-il la conscience

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Publié le: 31-08-2023

400 millisecondes, c'est le temps qu'il faut à votre cerveau pour transformer un stimulus en une perception consciente.

Telle est la conclusion d'une étude conduite par l'École polytechnique fédérale de Lausanne et publiée le 12 avril 2016 dans la revue Plos Biology.

L'objet de ces recherches était d'étudier la façon dont on prend conscience d'une information et de tenter de trancher un vaste débat : la conscience procède-t-elle de façon continue ?

Ou bien, à la façon d'un cinématographe, par images se succédant très rapidement les unes aux autres et donnant ainsi l'impression d'un flux continu ?

Intuitivement, le fait d'être conscient se caractérise par un état continu de sensations diverses - sons, images, odeurs, mouvements... - traduites simultanément en perceptions conscientes.

Sauf que lorsqu'on regarde de plus près le fonctionnement du cerveau, les choses ne sont pas si simples.

Pour tenter d'y voir plus clair, le Pr Michael Herzog propose ainsi un nouveau "cadre conceptuel" fondé sur "des données d'expériences psychologiques et comportementales déjà publiées,

qui visaient à déterminer si la conscience est continue ou discontinue", notamment par observation de l'activité cérébrale explique l'EPFL dans un communiqué. 

Un processus en 2 phases
En collaboration avec Frank Scharnowski de l'Université de Zurich, les chercheurs proposent un modèle en deux phases pour expliquer comment la conscience procède.

Face à un stimulus sensoriel, le cerveau commence par analyser de façon inconsciente les détails de l'objet de la sensation (couleur, forme...).

Les chercheurs décrivent une sorte de machinerie inconsciente qui ne cesse jamais de traiter les informations sensorielles.

Le modèle suggère également que cette phase exclut la perception du temps.

Une fois ce traitement effectué, le cerveau va en quelque sorte livrer son bilan en le rendant conscient.

C'est la deuxième phase : "Le cerveau rend simultanément conscients tous les éléments. Cela forme l'image finale que le cerveau présente à notre conscience.

En d'autres termes, après ce traitement inconscient, nous sommes finalement conscients du stimulus", expliquent les chercheurs. 

Un processus qui pourrait durer jusqu'à 400 millisecondes donc.

Un laps de temps qui paraît ridiculement petit, mais qui, "d'un point de vue physiologique, constitue un décalage considérable".

La perception du temps, le chaînon manquant
"Le cerveau veut vous donner l'information la meilleure et la plus claire possible, et cela exige un certain temps, explique Michael Herzog. 

Il n'y a aucun avantage à vous faire connaître son traitement inconscient, parce que cela serait extrêmement déconcertant", poursuit le chercheur.

Si ce modèle reste hypothétique et devra être mis à l'épreuve dans une étude originale, il a le mérite de voir au-delà du traditionnel débat entre conscience continue ou discontinue. 

En effet, le modèle ne dit pas que la conscience est interrompue par ces phases de traitement inconscient.

L'autre intérêt est d'ouvrir un nouveau champ d'interrogations sur "la façon dont le cerveau traite le temps et le met en relation avec notre perception du monde".

La perception du temps comme chaînon manquant de la conscience en quelque sorte.