De lointains souvenirs de peur se cachent dans notre cerveau
Tétanisation, ventre noué, sueurs froides : lorsque nous sommes face à un éventuel danger, notre cerveau nous envoie des signaux d'alerte. Si ces réactions semblent parfois disproportionnées au vu de certaines situations, elles ne sont pas anodines. Ces comportements peuvent en réalité refléter des souvenirs d'évènements traumatisants enfouis dans notre boîte crânienne.
S'il est clair que l'hippocampe –la région du cerveau située dans les lobes temporaux– joue un rôle central dans la formation de nos souvenirs, l'incarnation physique des peurs nichées dans notre mémoire est longtemps restée nébuleuse. Jusqu'à ce que des scientifiques de l'Université de Californie Riverside, aux États-Unis, se penchent dessus. Grâce à une étude menée sur des souris, relayée par ScienceAlert, ils ont réussi à préciser les mécanismes fondamentaux par lesquels le cerveau consolide les peurs lointaines.
Au début de l'expérience, les rongeurs ont reçu une décharge électrique. Un mois plus tard, les souris transgéniques sont retournées sur les lieux de leur traumatisme. Immédiatement, les animaux se sont figés, démontrant la réminiscence de chocs lointains stockés dans leur mémoire.
La plus grande découverte est la suivante : les connexions entre les neurones du cortex préfrontal (la zone responsable de la prise de décision et de la cognition) sont progressivement renforcées avec l'apprentissage d'une peur. Ainsi, cela joue un rôle essentiel dans la façon dont ces souvenirs mûrissent dans le cortex cérébral, pour finalement faire partie intégrante de la mémoire permanente.
D'autres tests ont également montré que lorsque ces neurones étaient sectionnés, les souris étaient incapables de se rappeler leurs peurs lointaines, tout en se souvenant de plus récents traumatismes. Cela signifie donc que les cellules nerveuses du cortex préfrontal forment les engrammes d'un évènement effrayant sur le long terme.
De bon augure pour les humains
Bien qu'il y ait encore du travail à faire, les chercheurs sont optimistes. Bientôt, les scientifiques prévoient d'observer les conséquences de l'affaiblissement sélectif du cortex préfrontal. Dans l'hypothèse où cette expérience supprimerait le rappel de souvenirs effrayants, cette alternative pourrait être utilisée pour aider les personnes souffrant d'un syndrome de stress post-traumatique.
« Étant donné que ces patients font les frais de souvenirs formés dans un passé lointain, l'étude pourrait offrir un aperçu des stratégies thérapeutiques à adopter pour traiter les peurs chroniques », explique le neuroscientifique Jun-Hyeong Cho.
Reste toutefois à savoir si un tel traitement n'endommagerait pas la mémoire non liée aux traumatismes.